L’ÉTÉ

Phénoménologie de l’espace | Un instant suspendu

Terminant la préparation d’un cours de sémiologie de l’espace sur Bachelard et sa vision ontologique et métaphysique de celui-ci, qu’il charge d’images subjectives, intimes, émotionnelles et oniriques, je réalisai soudain que mon environnement spatial était très silencieux ; si silencieux qu’on pouvait en être au point d’entendre sa propre intériorité.

L’été.

A la suite de cette expérience, je me souvins de mon travail de recherche mené durant mes années Duperré et qui portait sur la formalisation et l’expression des états émotionnels à travers leur incarnation par huit plantes ou végétaux traversant les quatre saisons d’une année. En effet, j’en étais venue à dire, au début du projet, que le corps humain en proie à ses émotions, était en tout semblable à un jardin évoluant suivant un contexte météorologique.

Il était une fois un jour comme les autres.

Ces jours, d’une uniformité extrême, se répétant continuellement sans variation. Toujours le même ton, toujours le même déroulement, sans soleil, sans pluie. Pas même une petite brise susceptible de faire frémir une pousse d’herbe.

Rien.

Bref, ce jardin apparemment abandonné constitue un tableau fort banal avec des touches de lassitude par-ci, par-là. Un jardin sans expression.

Il faut lui redonner le goût des petites choses afin qu’il puisse revivre pleinement, bercé par les rayons du soleil ou la goutte de pluie et s’exprimer par des productions colorées variées, aux formes diversifiées ! En une phrase musicale : il faut se laisser aller sur les ondes de la sensibilité. 

Éphémérides, les états d’âme du jardin, Anne-Laure Eustache, Paris, 2004

Le lieu ; L’été

Soleil au zénith, l’été est cette saison où l’esprit est à présent pleinement déployé, épanoui, presque ébloui par son état de parfaite plénitude. Baigné de lumière, le corps entier est submergé de plaisir et les yeux vivement colorés se parent de tonalités fortement saturées. La chaleur est à son paroxysme, les pulsations du myocarde aussi.

Une note
un soupir –
Silence éclatant

L’atmosphère est dense, pesante et saturée et la lumière éclatante nous fait roussir.

Séduction.

Rouge passion.

L’été allume les désirs qui nous font souffrir. Enflammés, l’esprit et la raison s’obscurcissent après avoir été fortement exposés. La flamme est ardente, l’amour puissant et obsédant. Aveuglant ! En réalité, ce n’est que chaleur intense et brûlures d’une matière en fusion. Sous le feu de l’action, c’est la combustion. Consumation d’un amour dévastateur où l’on finit par cuire.